- Auteure: Véronique Drouin
- Éditeur: Éditions Québec Amérique
- Genre: Québécois, horreur
- Qualité de l’écriture: 4/5
- Originalité: 5/5
- Appréciation générale: 4/5
Dans ma vie, j’ai lu quelques œuvres d’horreur, mais ça n’a jamais beaucoup dérogé du répertoire de Stephen King ou de Patrick Senécal. Je sais qu’il y a de merveilleux auteurs dans le genre, on m’en a vanté plusieurs, mais comme je suis quand même pas pire moumoune, j’essaie de choisir mes lectures avec soin afin de ne pas passer des nuits blanches pour le prochain mois. Bref, lorsque j’ai reçu le communiqué de presse des Éditions Québec Amérique annonçant le roman d’horreur fantastique Rivière-au-Cerf-Blanc de Véronique Drouin, j’ai été grandement intriguée. Comme ça me semblait une histoire que j’étais capable d’affronter, j’ai décidé de rassembler mon courage et de m’y plonger. Je l’ai peut-être un peu regretté (de manière positive, là!) lors d’un passage ou deux, mais règle générale, ce livre m’a beaucoup plu!
Une forêt et du land art
De prime abord, la prémisse de Rivière-au-Cerf-Blanc n’a rien de révolutionnaire: un jeune couple, Estelle et Tristan, part pour un week-end en forêt afin de faire du canot-camping. Pas besoin d’être fan d’horreur pour déjà savoir que leur escapade va mal finir! Toutefois, l’histoire prend une tournure différente et plus originale lorsque le land art, une forme d’art faite à partir de matériaux naturels et qui prend généralement place à l’extérieur afin de se fondre avec le décor, semble venir prendre une place importante dans le récit. Estelle, qui étudie en histoire de l’art, ne manque pas de remarquer les diverses œuvres qui parsèment la forêt, chacune, toutefois, portant des inscriptions quelque peu inquiétantes. Le couple d’Estelle et de Tristan bat de l’aile depuis un moment et lorsqu’une nouvelle dispute éclate entre eux, ils comprennent tous les deux que c’est fini. C’est alors qu’ils se séparent pour chacun aller se balader de leur côté afin de se calmer et de réfléchir. Encore une fois, voilà un événement qui annonce le pire et, comme de fait, c’est à ce moment que le cauchemar d’Estelle commence. À partir de là, elle devra trouver un moyen de se sortir de là et, surtout, de rester en vie. À travers tout ça, on apprend qu’il existe une mystérieuse légende selon laquelle des cerfs albinos vivraient dans la forêt, mais personne ne les aurait jamais aperçus, et que quelques disparitions sont survenues dans les parages au fil des ans…
J’ai trouvé le mélange horreur et art vraiment très intéressant et, sincèrement, c’est là que se trouve tout l’intérêt du roman. Sans art, il n’y a pas de Rivière-au-Cerf-Blanc, c’est aussi simple que ça. L’œuvre est très bien rythmée, les péripéties s’enchaînant l’une après l’autre sans laisser le temps au personnage (et au lecteur!) de souffler, ce qui fait en sorte qu’elle ne perd jamais notre intérêt. J’aime quand un roman de suspense ou d’horreur porte mon rythme cardiaque à s’accélérer, alors que je crains le sort réservé aux personnages et que j’anticipe la prochaine épreuve qu’ils devront subir, et celui-ci a très bien réussi à me satisfaire de ce côté à quelques reprises.
Une œuvre juste assez horrible
Heureusement pour moi et mon petit cœur sensible, Véronique Drouin a su pousser l’horreur juste assez loin dans son roman, sans en faire trop. Alors que j’avais eu du mal (ou plutôt que mon estomac avait eu du mal) avec certains passages du roman Les Sept jours du Talion de Patrick Senécal, par exemple, j’ai ressenti ce désagréable sentiment seulement une fois dans Rivière-au-Cerf-Blanc, et ce, de manière tout de même brève. Elle n’y va pas de descriptions trop en détail ou d’images trop explicites, mais elle sait comment décrire les choses de manière à tout de même nous donner quelques frissons.
Le seul petit défaut que j’ai trouvé à ce roman, c’est le léger sentiment d’étalage de savoir et de name dropping qu’il m’a inspiré. À deux moments dans le roman, Estelle converse avec un autre personnage au sujet d’artistes et de leurs œuvres, que ce soit de land art ou autre type d’art dont le but est de choquer, et bien qu’il est intéressant d’avoir accès à ces informations, je n’ai pas trouvé que c’était fait de la meilleure manière possible. J’avais plutôt l’impression qu’on voulait simplement me partager des connaissances par principe de le faire, surtout que l’une des deux fois, la conversation se déroule à un moment assez critique lors duquel je n’arrivais pas à croire que les personnages puissent tenir ces propos alors qu’ils font face à un danger plutôt important. Quoi qu’il en soit, même si j’ai moins apprécié la manière dont les informations m’ont été transmises, la réflexion derrière ces dialogues était très intéressante et m’a fait moi aussi me questionner sur les raisons du pourquoi des événements (je peux pas être plus précise sans révéler trop de choses, sorry). Bref, rien pour vraiment miner ma lecture.
Si vous aimez l’horreur, le suspense et même le fantastique, Rivière-au-Cerf-Blanc de Véronique Drouin est un roman pour vous. Je l’ai dévoré vraiment rapidement, ayant toujours envie de savoir ce qui allait se passer dans les pages suivantes.