- Auteur: Michel Tremblay
- Genre: Comédie dramatique
- Qualité de l’écriture: 5/5
- Originalité: 5/5
- Appréciation générale: 5/5
Vous commencez peut-être à me connaître assez pour savoir que je suis une fan incontestée de Michel Tremblay. Comme chaque année – l’an passé c’était pour Le Peintre d’aquarelles, dont je vous ai parlé ici, je me suis rendue au Salon du livre de Montréal en novembre pour me procurer son plus récent roman, Vingt-trois secrets bien gardés. Chaque fois, il s’agit du highlight de mon automne (saison que j’aime le moins et qui a tendance à particulièrement me déprimer): me rendre au Salon du livre, me procurer le plus récent roman, que je fais autographier bien entendu, de mon auteur préféré, puis m’installer confortablement chez moi pour le dévorer en buvant une tasse de thé. C’est donc avec un grand plaisir que j’ai reproduit l’expérience cette année avec Vingt-trois secrets bien gardés et, encore une fois, je n’ai pas été déçue.
Un roman fort révélateur
Évidemment, nous avons l’habitude que Michel Tremblay nous raconte des souvenirs moindrement romancés de sa jeunesse. On n’a qu’à penser à ses romans Les Vues animées, Douze coups de théâtre, Un ange cornu avec des ailes de tôle, Bonbons assortis et Conversations avec un enfant curieux pour réaliser que c’est loin d’être la première fois que l’auteur joue dans le révélateur. Toutefois, ce qui diffère avec Vingt-trois secrets bien gardés, c’est qu’on est transportés dans certains souvenirs de son enfance, oui, mais aussi de son adolescence, voire des débuts de sa vie d’adulte. Les secrets qu’il nous raconte sont d’ailleurs parfois moins banals, moins glorieux.
Avec ce nouveau roman, Michel Tremblay n’a pas peur de nous révéler des pans de sa vie qui l’ont grandement marqué et qui ont influencé la personne qu’il est devenu, mais en gardant toutefois une certaine distanciation; contrairement à ses autres romans susmentionnés, celui-ci est écrit au «il», comme s’il ne parlait pas réellement de lui dans ces surprenantes révélations. Une manière pour lui de faire comprendre au lecteur que ce «il» est un autre Michel, un ancien lui qu’il souhaite reléguer à l’état de souvenirs ou simplement une manière pour lui plus facile de se révéler en faisant comme si ce n’était pas réellement lui qu’il mettait en scène? Les deux options sont possibles et plausibles, mais quoi qu’il en soit, ça fonctionne.
Une plume typique, mais un contexte différent
Tout le monde le sait, Michel Tremblay a une plume unique, une manière bien à lui de raconter au lecteur ses histoires. Pionnier de l’utilisation du joual dans la littérature québécoise ainsi que de la mise en scène de personnages réalistes et «ordinaires», il conserve son originalité encore aujourd’hui. En effet, dans Vingt-trois secrets bien gardés tout comme dans tous ses autres romans, sa manière d’écrire amène un réalisme exacerbé et une proximité encore plus grande avec les personnages, en l’occurrence lui-même. De plus, son écriture franche et sincère – du moins, c’est ce que le lecteur est porté à croire – nous montre une autre facette du personnage/de l’auteur, nous faisant l’adorer encore plus à certains moments, mais le plaçant aussi parfois dans des situations plus discutables qui nous donnent une tout autre vision de lui. Mais au final, Michel Tremblay nous expose un être des plus humains et c’est ça qui fait le charme de Vingt-trois secrets bien gardés. Dans ses autres romans, lorsqu’ils racontent des souvenirs de sa jeunesse, peu importe que ce soit un bon ou un moins bon souvenir, c’est généralement de manière plutôt humoristique où le jeune Michel est juste beaucoup trop cute. On se dit «C’est un enfant, c’est normal, c’est drôle». Mais cette fois, ce qui nous est raconté s’est généralement déroulé plus tard dans sa vie, alors que ce Michel est maître de ses actions et conscients des possibles répercussions, ce qui fait toute la différence.
Vous l’aurez compris, j’ai adoré le roman Vingt-trois secrets bien gardés de Michel Tremblay. Rapide à lire et renfermant toute sorte d’émotions, on y découvre un personnage qu’on croyait connaître, mais qui ne cesse au final de nous étonner.