Mon très cher père Noël,
Par où commencer ? J’ai tellement de choses à vous dire ! D’abord, je dois être honnête avec vous. Ça fait 20 ans qu’on entretient une correspondance à sens unique de chez moi au Pôle Nord, mais je sais bien que vous ne lisez pas mes lettres. Pas vraiment, en tout cas. Parce que vous n’existez pas, j’en suis consciente. Et depuis longtemps, hein, ne vous méprenez pas en pensant que j’ai cru à votre existence jusqu’à aujourd’hui. Je suis naïve, mais pas à ce point-là.
Ne vous vexez pas du fait que je vous balance votre inexistence en plein visage, tout bonnement, comme ça, dans une lettre censée être envoyée par une gamine qui vous demanderait tous les plus beaux jouets du monde en cadeau pour Noël. Je tenais à être honnête envers vous, mais pour l’être totalement, je dois aussi vous dire que sans réellement croire à votre existence, tout comme je ne crois pas à la fée des dents ni au Bonhomme Sept Heures, j’aime tout de même m’imaginer que vous êtes réel. J’aime me réfugier dans mon enfant intérieur et vous écrire une lettre, chaque 1er décembre, en espérant de toutes mes forces que la personne qui lira ces mots prendra son rôle au pied de la lettre et sera déguisée en père Noël. Ou en mère Noël. Ou en lutin, à la rigueur. J’aime croire qu’il s’agit au moins d’une personne âgée…
Alors voilà. Cette année, je me voulais franche et sincère avec vous, cher père Noël. Parce que malgré tout, j’aime croire en vous, j’aime perpétuer l’esprit et la magie de Noël que je ressentais plus jeune et, tout ça, pour moi, ça passe inconditionnellement par vous.
Aujourd’hui, 1er décembre, j’ai monté et décoré mon sapin de Noël et j’ai accroché des lumières à la fenêtre de mon salon. J’ai syntonisé ma télévision sur la chaîne de musique spéciale du temps des Fêtes, j’ai attendu qu’il fasse assez sombre pour allumer mon sapin et mes lumières, je me suis fait un gros bol de chocolat chaud dans lequel j’ai noyé une pelletée de guimauves et je me suis installée à la table de mon salon pour vous écrire. C’est comme ça que je me mets chaque année dans l’ambiance des fêtes. Et puis, à partir de ce soir, lorsque j’aurai terminé cette lettre et que je serai allée la déposer dans la boîte aux lettres, j’écouterai avec enthousiasme mes films de Noël fétiches : Le Miracle de la 34e rue (c’est d’ailleurs davantage comme ça que je vous imagine, père Noël, à l’image du sympathique Kris Kringle !), Le Grincheux qui voulait gâcher Noël, Le Lutin, Réellement l’amour… Je vous évite l’énumération complète.
J’ai même non pas un, mais deux calendriers de l’avent ! Un de David’s Tea pour la nouvelle teaholic en moi, mais aussi un calendrier de chocolat, à l’effigie de Star Wars, qui plus est ! Le thé me faisait sentir trop madame pour célébrer l’arrivée de Noël comme je m’efforce de le faire, avec mon cœur d’enfant, alors j’ai mis le paquet pour le chocolat.
Sur ce, navrée, cher père Noël, pour cette longue introduction. Je vais maintenant passer aux choses sérieuses, à la raison pour laquelle tout le monde vous écrit à cette période de l’année : mes demandes pour Noël. Mais ne vous inquiétez pas, avec tout ce que je viens de vous dire, vous devinerez que je sais pertinemment que je ne recevrai aucun présent de votre part le 25 décembre ! C’est pourquoi je ne vous demanderai rien de concret ou de tangible. Je vous ferai simplement part de mes désirs et mes espoirs quant à ma vie et mon avenir. Du coup, si mes désirs deviennent réalité, je pourrai dire que c’est un peu grâce à vous, ce qui me confirmera, en quelque sorte, que vous existez et que j’avais raison de garder foi en vous !
En réalité, je ne souhaite pas grand-chose. Je veux simplement être heureuse. Est-ce que c’est possible, ça, être heureuse ? On m’a souvent dit que le bonheur n’existe pas en permanence, mais qu’il doit être trouvé dans tous les petits moments de notre vie qui le permettent. C’est vrai, ça, père Noël ? Il me semble pourtant que ce n’est jamais assez… Je le voudrais en permanence, moi, le bonheur. Alors voilà tout ce que je veux : être heureuse à chaque instant de ma vie et les malheurs, eux, qu’ils n’arrivent qu’à très petites doses et très sporadiquement. Ou jamais. Je veux être heureuse partout et tout le temps, dans un travail qui me passionne, dans ma vie de couple où je me sens importante et valorisée, dans une famille qui est fière de moi et qui m’aime très fort. Si tout ça finit par arriver et que je deviens si heureuse, père Noël, je penserai très fort à vous et je vous écrirai une nouvelle lettre pour vous remercier !
Bien à vous,
Alexandra.
P.S. Je ne dirais quand même pas non à des cartes-cadeaux Simons ou Ikea, à une tonne de romans ou à quelques films et jeux vidéo !