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La Bête à sa mère: un réalisme percutant




  • Auteur: David Goudreault
  • Genre: Drame, humour noir
  • Qualité de l’écriture: 4/5
  • Originalité: 4/5
  • Appréciation générale: 4/5

 

Lorsque je me suis plongée dans La Bête à sa mère, de David Goudreault, je venais de lire des critiques plutôt variées. Certains avaient adoré, d’autres n’avaient pas du tout aimé et n’avaient pas réussi à terminer le roman. Des lecteurs avaient adoré l’humour noir du roman et la complexité du personnage principal, alors que d’autres dénonçaient la violence gratuite faite aux animaux et trouvaient l’histoire trop horrible pour lire le roman jusqu’à la fin.

En commençant ma lecture, donc, je ne savais pas trop à quoi m’attendre et j’avais même un peu peur de ne pas être capable de le terminer moi aussi. Pourtant, j’ai commencé à lire La Bête à sa mère et je l’ai terminé en très peu de temps. J’ai vite compris d’où venait le malaise que certains lecteurs avaient ressenti au cours de leur lecture, mais ça ne m’a pas dérangée outre mesure.

 

L’histoire tourne autour d’un personnage très complexe qui a vécu une enfance difficile avec une mère qui tentait constamment de se suicider et qui a donc dû déménager de famille d’accueil en famille d’accueil, essayant tant bien que mal de faire son chemin dans un monde qui semble aller contre lui. On le voit agir de manière totalement incorrecte, surtout face aux chats qui croisent sa route, mais en même temps, tout en étant face à un personnage qui pourrait être qualifié d’horrible et inhumain, on ne peut que ressentir de la compassion pour un jeune homme qui croit dur comme fer que ce qu’il fait est pourtant correct.

Il s’agit d’un roman réellement violent et brutal, mais malgré tout les gestes regrettables posés par le personnage principal, sa mentalité déviante et la méchanceté dont il fait preuve, il reste attachant grâce à la naïveté qui l’habite. On dirait qu’on ne peut pas lui en vouloir de commettre certaines atrocités, alors qu’on sait très bien que sa manière d’agir est totalement répréhensible.




Malgré la violence dépeinte dans ce roman, une certaine légèreté s’en dégage aussi à travers un humour noir et des références absolument incroyables faites par le personnage principal, qui est aussi le narrateur de l’histoire. Ce dernier fait régulièrement des références qui n’ont aucun sens, croyant être un fin connaisseur dans à peu près tous les sujets, mais en tant que lecteur, on se rend vite compte que c’est plutôt l’inverse. Un bel exemple de la mentalité du personnage est certainement ce passage, qui permet très bien de comprendre sa façon de voir les choses:

«Je suis un intuitif, moi, un naturel, comme on dit. Les diplômes, c’est juste bon à insuffler de l’estime aux sans-talents. C’est du bourrage de crâne aux frais du contribuable et c’est tout. Einstein n’a jamais fait de doctorat en relativité. Aucun grand auteur n’a étudié en littérature. Même les saints n’avaient pas de formation en théologie. Dans la vie, tu l’as ou tu l’as pas. Moi, je l’ai.»

 

Vraiment, j’ai adoré ce roman! Certes un peu difficile d’approche, peut-être, vu la violence qui y est décrite, mais c’est d’autant plus intéressant de voir le monde du point de vue d’un jeune homme qui a eu une vie difficile jusqu’à maintenant et qui agit selon ses propres règles. David Goudreault a une écriture très réaliste qui fait en sorte qu’on croit à tout ce qui se déroule dans le livre sans jamais se dire que tel comportement ou telle réaction du personnage est exagéré. Sa personnalité et sa mentalité font en sorte qu’on ne sait jamais à quoi s’attendre de lui, parce que tout est possible.

L’auteur a vraiment su décrire une réalité percutante de main de maître et j’ai vraiment hâte de me plonger dans la suite de ce roman incroyable! (La Bête et sa mère est le tout premier roman de la trilogie de la Bête, qui comprend aussi La Bête et sa cage et Abattre la bête).




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