Il y a quelques semaines, j’ai été approchée par la maison d’édition Le Blanc Cahier afin de lire les trois livres qu’ils ont à leur actif pour le moment et en parler ici. C’est évidemment avec joie que j’ai accepté!
Officiellement lancé le 11 mai 2018 par les auteurs – mère et fils – Suzanne et Lorenzo Sterzi, Le Blanc Cahier se veut une maison d’édition montréalaise qui prône les livres papier tout en prenant compte des technologies modernes. C’est pourquoi notre lecture conventionnelle sur papier est agrémentée, dans leurs œuvres, de codes QR uniques et originaux – dont une courte trame sonore personnalisée composée par Georges Dimitrov – afin «d’augmenter l’intérêt et d’éveiller une curiosité récréative chez le lecteur d’aujourd’hui», comme ils l’expliquent si bien.
Cette sorte de littérature interactive a su piquer ma curiosité et c’est avec beaucoup d’entrain que j’ai entamé mes lectures d’Évolution chez les Cro-Magnons et autres histoires de Louise Leblanc, de Des nouvelles de mamie de Suzanne Sterzi et de Ce n’est pas une histoire à raconter de Lorenzo Sterzi.
Un recueil de nouvelles, des souvenirs d’enfance et un suspense sur fond historique
Tous bien différents, les trois romans publiés par Le Blanc Cahier s’adressent à des lecteurs variés.
Évolution chez les Cro-Magnons et autres histoires, de Louise Leblanc, est en fait un recueil de plusieurs nouvelles et histoires écrites par l’auteure au cours de sa carrière et réunies dans une même œuvre. Abordant différents thèmes, Louise Leblanc s’intéresse à la fiction sous toutes ses formes, aimant jouer avec les mots et la manière de dire les choses afin de créer un questionnement constant chez le lecteur qui se demande où l’histoire va le mener, pour ensuite découvrir un dénouement étonnant auquel il ne s’attendait pas.
Dans Des nouvelles de mamie, Suzanne Sterzi met en scène une grand-maman qui écrit ses mémoires, misant sur ses souvenirs d’enfance et s’attardant au passage sur quelques personnes qui ont eu une place importante dans sa vie et desquels elle fait une courte biographie afin de bien nous mettre leur personnalité en contexte. Joliment illustré et rempli de code QR menant vers des pièces d’archives, cette œuvre représente un petit bijou d’histoire très intéressante à découvrir et qui se lit aisément.
Toutefois, je dois avouer que dans les trois romans que j’ai eu la chance de lire, c’est certainement Ce n’est pas une histoire à raconter, de Lorenzo Sterzi, que j’ai le plus apprécié et c’est pourquoi j’en parlerai plus en détail.
Un suspense original sur fond historique
Dans Ce n’est pas une histoire à raconter, l’auteur nous plonge dans une histoire incroyable racontée à deux voix; d’abord celle de Lorenzo, qui nous raconte les événements quelque temps après qu’ils se soient déroulés, puis celle de son frère, Mathieu, par le biais des ses Notes et réflexions écrites en temps réel au moment où les événements se passaient. Dès le départ, on apprend que Mathieu est dans le coma et que Lorenzo est à son chevet; le climat de suspense s’installe donc dès le départ. Qu’est-il arrivé à Mathieu?
Alors que Lorenzo et ses amis Raouf, Raphaël et Bonaventure tombent en vacances d’école pour une semaine, ils se voient contraints d’accompagner Mathieu dans une vieille maison familiale, qu’on dit hantée, à l’île d’Orléans. Dans la famille de Lorenzo, du côté de sa mère, il y a une croyance selon laquelle de «mauvaises ondes» les suivraient depuis des centaines d’années. Tout cela remonterait au 17e siècle lorsque l’un de leurs ancêtres, un espion, aurait fui la France pour immigrer au Canada avec, en sa possession, un document explosif qui aurait pu changer le cours de l’histoire. Depuis, un secret circule dans la famille et est transmis de génération en génération, causant sur son passage la mort de ses détenteurs ainsi que de ceux qui tentent de le découvrir.
Le fait est que Mathieu voulait à la base se rendre à la maison familiale afin de prendre du temps pour lui et travailler sur sa thèse d’histoire qui s’intéresse à cedit secret. En effet, Mathieu croit fermement que ce dernier pourrait avoir un impact important sur l’histoire et remettre en cause plusieurs faits historiques établis. Par contre, alors que Mathieu découvre de plus en plus d’indices reliés au secret, des choses étranges et inquiétantes commencent à viser le groupe de visiteurs.
Une histoire prenante du début à la fin
Sincèrement, ce roman a su piquer ma curiosité dès les premières pages et me captiver jusqu’à la fin. Lorenzo Sterzi a fait preuve d’une belle créativité en utilisant des faits historiques réels et en les adaptant et les modifiant pour qu’ils s’intègrent à l’histoire fictive de son roman. De plus, la narration à deux voix utilisée par l’auteur est absolument brillante et ajoute un rythme parfait à la lecture.
À mon avis, bien que je n’aie aucune réelle preuve de ce que j’avance et que le tout soit grandement romancé, Ce n’est pas une histoire à raconter, au même titre que Des nouvelles de mamie, est basé sur certains faits réels de la vie de l’auteur. En effet, le personnage principal porte le même prénom que ce dernier, sa mère se nomme aussi Suzanne et au moins l’un des personnages ayant une grande importance dans le roman, le peintre Zacharie, revient dans le roman Des nouvelles de mamie de Suzanne Sterzi. Coïncidence? Peut-être, mais clairement, il y a un lien à faire avec ces informations!
Les codes QR pour moderniser la lecture
L’un des indéniables points forts de la maison d’édition Le Blanc Cahier est certainement son intégration des codes QR dans ses romans. Que ce soit pour nous faire écouter une chanson mentionnée dans le texte ou pour nous rediriger vers un article de fond sur l’un des sujets abordés dans l’histoire, ils sont un beau complément à la lecture.
Certes, le concept pourrait être un peu amélioré; l’un des codes QR m’a mené vers une page Internet qui n’existe plus, un autre vers un site sur lequel on peut lire les paroles d’une chanson, mais pas l’écouter si on ne paye pas et un autre vers un morceau importé directement sur le site Web du Blanc Cahier, mais qui est d’une qualité plutôt médiocre. De plus, puisque je lis principalement dans le métro, un autre hic pour moi a été que je ne pouvais pas scanner les codes QR au moment où ils apparaissaient dans le texte puisque je n’avais pas accès au 3G sur mon téléphone, mais bon, c’est un moindre mal.
Bien que l’idée soit possiblement à travailler, elle n’en reste pas moins vraiment intéressante et j’ai beaucoup apprécié ces compléments à ma lecture.
Comme l’indique Suzanne Sterzi, cofondatrice de la maison d’édition, «Le Blanc Cahier désire publier des ouvrages qui suscitent la réflexion, la curiosité et l’émotion. Procurer du bonheur au lecteur: voilà ce que notre ligne éditoriale se propose de refléter!». Après la lecture d’Évolution chez les Cro-Magnons et autres histoires de Louise Leblanc, de Des nouvelles de mamie de Suzanne Sterzi et de Ce n’est pas une histoire à raconter de Lorenzo Sterzi, je dois avouer que pour le moment, cette ligne éditoriale a parfaitement été suivie! Maintenant, il ne me reste qu’à attendre impatiemment la publication de nouvelles œuvres de leur part. Le Blanc Cahier sera certainement une maison d’édition à suivre dans les prochaines années!