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Never Let Me Go: une science-fiction dystopique perturbante

Never Let Me Go est un roman de science-fiction dystopique écrit par Kazuo Ishiguro et qui ne peut pas laisser indifférent




  • Auteur: Kazuo Ishiguro
  • Genre: science-fiction, dystopie, drame
  • Qualité de l’écriture: 5/5
  • Originalité: 5/5
  • Appréciation générale: 4/5

 

Dans ma détermination du mois de décembre à atteindre le reading challenge de 2018 que je m’étais fixé (lire 50 romans avant le 31 décembre 23h59, je vous le rappelle), je me suis lancé dans le roman Never Let Me Go (Auprès de moi toujours, en français) de Kazuo Ishiguro. Un roman qui, je dois l’avouer, m’intriguait depuis un bon moment, mais que je laissais prendre la poussière dans ma bibliothèque depuis bien longtemps. Vraiment, quand je vous dit que ma détermination à réussir les buts que je me fixe me permet souvent de lire des œuvres que je n’aurais pas nécessairement lues en d’autres circonstances, je ne blague pas! Ça a été le cas avec Windows on the World de Frédéric Beigbeder et ça l’a aussi été avec Never Let Me Go.

Dans les deux cas, ce fut, heureusement, de très bons choix de lecture!

 

Une dystopie à la fois perturbante et touchante

Dans Never Let Me Go, on retrace la vie de Kathy H., de son enfance à Hailsham, une sorte de pensionnat, à aujourd’hui, alors qu’elle est devenue accompagnante auprès des personnes qui font des dons d’organes. Elle se remémore ses années à Hailsham en compagnie de ses amis Ruth et Tommy, puis leur départ d’Hailsham vers le «cottage», pour finalement quitter ce dernier et entamer leurs vies d’adultes, qui semblent prédéfinies, mais qui nous reste inconnue pendant un bon moment. En tant que lecteur, on est témoin de leur évolution, de leur passage de l’enfance à l’âge adulte et à la prise de conscience qui vient avec, de leurs relations amoureuses, de leurs nombreux questionnements – qui nous poussent d’ailleurs à nous questionner nous aussi -, de leur éloignement, puis de leurs retrouvailles.

Dès le début du roman, l’histoire est intrigante. Au début, Kathy dit être accompagnante, mais le rôle que joue une accompagnante reste flou assez longtemps. Elle se met alors à raconter ses années passées à Hailsham en alternant parfois avec son histoire en temps réel. On finit toutefois par comprendre, alors qu’elle nous parle d’Hailsham, que les étudiants de ce pensionnat sont comme prisonnier de ce dernier et qu’ils ne peuvent en sortir qu’à l’âge de 16 ans, lorsqu’il est temps de se rendre au «cottage». On ne nous explique pas tout de suite d’où viennent ces enfants, cependant, ni vraiment où ils iront plus tard; tout ce qu’on sait, c’est qu’ils sont spéciaux, mais encore une fois, on ignore ce qui les rend si peu communs.




Toute l’histoire est basée sur cette intrigue: d’où viennent-ils, qui sont-ils, à quoi sont-ils destinés? Les informations données au compte-gouttes nous laissent spéculer à loisir et nous poussent à lire pour en apprendre davantage. Lorsqu’arrive le dénouement, la fin tant attendue avec les réponses à toutes nos questions – qui sont les mêmes que se posent les personnages qui veulent eux aussi connaître le fin mot de l’histoire -, on ne peut s’empêcher d’être étonné, dérouté, perdu; on ressent le désarroi et la tristesse de Kathy et Tommy qui apprennent toute la vérité à leurs sujets et on ne peut faire autrement que de les prendre en pitié. Personnellement, je m’attendais à tout quant à la fin de ce roman, mais pas à ça.

 

De la science-fiction réaliste à son meilleur

À mon avis, il existe deux types de science-fiction: celle qui est là pour nous divertir et nous plonger dans un monde totalement surréaliste, à la Star Wars ou à la War of the Worlds (La Guerre des mondes en français), par exemple, et celle qui raconte quelque chose qui n’existe pas, mais qui, au fond, pourrait s’avérer, comme les dystopies que sont The Handmaid’s Tale (La Servante écarlate en français) ou encore 1984. Vous l’aurez compris, Never Let Me Go se classe dans cette deuxième catégorie de science-fiction dystopique réaliste.

Ces deux types de science-fiction étant pour moi aussi divertissantes l’une que l’autre, la deuxième est tout de même, toujours à mon avis, un peu plus intéressante puisqu’elle nous pousse à réfléchir et à s’interroger sur ce à quoi pourrait ressembler notre monde dans un futur plus ou moins lointain. Après tout, ce qui se passe dans le roman de Kazuo Ishiguro n’a rien à voir avec des histoires d’extraterrestres ou de vaisseaux spatiaux qui parcourent la galaxie aussi facilement que nous parcourrons les routes du Québec; l’histoire reste réaliste dans la mesure où l’on vit à une époque où les avancées technologiques et la détermination de la race humaine à se rendre toujours plus loin et à contrer les lois de la nature pourraient éventuellement faire en sorte qu’une telle histoire puisse devenir véridique. Et c’est là, précisément, que ce type d’histoire nous pousse à nous questionner sur la moralité de ces actes ainsi que sur les conséquences et les répercussions qu’ils pourraient provoquer.

La plume fluide et rythmée de Kazuo Ishiguro sert parfaitement l’intrigue de Never Let Me Go. Dès les premières pages, on comprend qu’on aura affaire à une histoire complexe et déroutante qui fera en sorte de nous donner au compte-gouttes les informations clés de l’intrigue, nous captivant ainsi d’autant plus. Je me demandais parfois où tout ça pouvait bien s’en aller, mais une information supplémentaire arrivait toujours juste avant que mon intérêt commence à diminuer, faisant en sorte que je ne voulais jamais interrompre ma lecture!

 

Never Let Me Go de Kazuo Ishiguro est vraiment un roman étonnant, à la fois perturbant et touchant. Vous ne pourrez faire autrement que de vous attacher aux personnages et être bouleversé lorsque vous apprendrez d’où ils viennent, ce qu’ils sont et la vie qui leur est destinée, bien malgré eux.




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